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Puerto Viejo to Tortuguero - Costa Rica #8
Cet article retrace la journée la plus éprouvante de mon voyage. Cette journée a débuté très tôt, terminé très tard, et a été remplie de nombreuses aventures tout autant positives que négatives. J'ai donc énormément de choses à raconter.
Vous êtes prêts?
Ok on en était resté à ma première expérience de surf sur les vagues de la playa Cocles. (voir cet article)
De retour à Puerto Viejo je décide de me renseigner à la billetterie du village de la démarche à suivre pour rejoindre Tortuguero en bus le lendemain. Tortuguero est un petit village situé au Nord Ouest du Pays, à l'accès particulièrement difficile car il se situe dans une large zone de mangrove, seulement accessible en bateau. On l'appelle même "la petite Amazonie".L'homme au guichet me dit qu'il faut obligatoirement retourner à San José (soit 4h de bus en sens inverse), puis en reprendre un second jusqu'à Cariari (4 heures de bus aussi) et un 3ème jusqu'à la Pavona (1 heure environ) et qu'il n'y a pas d'autres bus plus direct. Je ne pourrais évidemment pas faire tout le trajet dans la même journée... Je sors de la billetterie complètement dépitée.
En voyant ma mine déconfite un jeune couple vient me parler. Ils me disent qu'ils viennent juste de quitter Tortuguero et qu'ils sont passés par la voie maritime. Si je choisis de faire comme eux je devrais prendre un bus jusqu'à Limon, puis prendre un taxi jusqu'à Moin, pour ensuite monter dans un bateau qui m’amènera au village... pour 50$! C'est très cher! Me voyant prise de doute ils me disent "It was fun! We saw a lot of dolphins!".
Je les remercie pour leur aide et m'en vais rejoindre mon bungalow. En chemin je ne sais trop quoi penser... Je ne suis pas prête à mettre 50$ dans un bateau (sans compter le bus jusqu'à Limon et le taxi jusqu'à Moin!), même pour voir des dauphins! Alors que le trajet en bus me coûterait bien moins de 10$, tout compris... Mais en même temps, revenir à San José m'obligerait à y passer la nuit et à perdre ainsi une journée...
Arrivée dans ma chambre, je me connecte illico au wifi, et part en quête d'une troisième solution. Au bout de quelques minutes, grâce à un forum de baroudeurs, je la tiens! Hourrah! Si je veux rejoindre Tortuguero, il me faudra donc emprunter 4 bus différents: un pour Limon, puis un autre pour Guapiles, Un troisième pour Cariari, et un dernier qui m'emmènera jusqu'à l'embarcadère "La Pavona" d'où partent les pirogues à moteur transportant les voyageurs jusqu'aux villages sur l'eau. Pas très pratique, mais nettement plus économique que le trajet en bateau, et plus rapide que de repasser par San José!
Une sacrée journée m'attend demain...
Le lendemain, comme prévu je me pointe à l'arrêt de bus à 7h30. Mon sac à dos semble peser une demi tonne... et pourtant il va falloir que je me le trimbale toute la journée!
Arrivée à Limon je dois rejoindre un second terminal un peu plus loin. Je contourne habilement les taxis, un peu trop oppressants à mon goût. Je finis même par rire avec l'un d'entre eux qui se moque de ma manière de dire "no no no" à tout va.
Arrivée au second terminal le changement est plus que radical: aucun taxi à l'horizon. Aucun touriste non plus! Je me retrouve au milieu de centaines de gens du pays qui me regardent tous avec un sourire plein d'étonnement. Ils ne doivent pas avoir l'habitude de voir une blanche ici, avec un gros sac de rando sur le dos. Je leur rends leur sourire de manière à inspirer la confiance. Deux adolescentes me regardent avec émerveillement. Je leur souris, leur fait quelques grimaces, elles explosent de rire. Je lis dans leur regard une certaine admiration et je me demande ce qu'elles peuvent bien m'envier. Ma peau claire? Ce serait quand même étonnant, nous qui faisons tout pour être bronzées l'été.
Arrivée à Limon
Je rentre dans le bus. De longues heures me séparent de ma prochaine destination, Guapiles. De temps en temps des Ticas montent dans le bus pour vendre des fruits. Les Costariciens se pressent pour acheter de la crème glacée, placée dans un sachet en plastique (le même que celui qui nous utilisons pour peser les fruits et légumes au supermarché), qu'ils sucent lentement. C'est très étrange au premier abord, mais dans le fond je me dis que c'est tout à fait l'équivalent de notre Mr Freeze européen!
Arrivée à Guapiles, je descend, achète mon prochain ticket, puis attend mon bus. Prochaine destination, Cariari.
Le bus arrive. Le trajet est plus rapide que celui d'avant. Je descend à Cariari... Toutes les stations finissent par se ressembler. J'achète mon prochain ticket, puis je joue avec les enfants en attendant mon prochain bus. Leurs sourires m'aident à patienter, parfois de longues heures, dans les stations.
Le bus arrive. Le chauffeur crie "La Pavona" (prononcé "La Pahone"). Je monde dans le bus. Le trajet durera une heure.
Nous roulons à travers les bananeraies, sur un long chemin très caillouteux, la porte du bus complètement ouverte pour faire rentrer un peu d'air. Soudain des barrières de chemin de fer se ferment. Un train va surement passer? Que nenni! J'assiste, complètement subjuguée à une scène véritablement incroyable: des dizaines et des dizaines de régimes de bananes accrochés à un câble traversent la route tout seuls! Au bout d'un petit moment j'aperçois enfin l'homme qui les pousse. De temps en temps il grimpe sur l'un d'eux et se laisse entraîner sur le câble. La scène est hors du temps!
Les barrières s'ouvrent enfin et nous reprenons notre route sur ce petit chemin de plus en plus accidenté. Un homme dans le bus essaye de me vendre des tickets de bateau. Je refuse en lui disant que je préfère les acheter sur place.
Au bout d'une heure nous arrivons enfin à la Pavona, l'embarcadère d'où les bateaux à moteur partent rejoindre les différents villages sur l'eau. Arriver à la Pavona au bout de tant d'heures de route en bus, et tant d'attente dans les stations, c'est un peu comme obtenir le saint Graal. J'étais aux anges!
Par contre, j'ai eu beau regarder de partout autour de moi, il n'y a pas de billetterie! Mince! J'aurais du acheter les tickets à l'homme dans le bus! Me voyant un peu dépitée l'homme me fait signe de le suivre. Ne parlant pas un mot d'anglais, il me fait comprendre que comme je n'ai pas de billet, je ne vais pas prendre le même bateau que les touristes. Il me fait signe de monter dans une longue pirogue en bois... Cool!
Le bateau démarre. Nous sommes seulement cinq: deux conducteurs, un villageois, un vacancier et moi. La pirogue s'engouffre dans les petits canaux de la mangrove. Des arbres immenses, d'où s'échappent des cris et des chants inconnus, bordent les rives. Pour la première fois de ma vie j'entends réellement la jungle (à côté, le parc de Cahuita est plus que silencieux!). Ça chante, ça crie, ça grogne... en stéréo! Les sons arrivent de tous les côtés... je ne sais même plus où donner de la tête! ... C'est tellement magique!
Je suis complètement scotchée et je scrute attentivement les cimes des immenses arbres dans l'espoir d'apercevoir quelques animaux. Mon attente sera de courte durée: le conducteur du bateau pointe soudain son index au dessus de nos têtes: "spider monkeys!"
Woah, trois singes se balancent aux branches juste au dessus de la pirogue. Je les entends se chamailler ensemble. Nous en apercevons d'autres un peu plus loin, juste en face, qui sautent de branches en branches les jambes et la queue complètement écartées. C'est vrai qu'ils ressemblent à des araignées dans cette position^^!
Parfois nous apercevons même des toucans s'envoler!
Mon sac étant resté à l'avant de la pirogue, je me maudis d'avoir oublié de prendre mon téléobjectif avec moi... Je n'ai malheureusement aucune photo potable à vous monter :/ Shame on me!
J'ai fait mon maximum avec un objectif 18-55mm (= zéro zoom) :/
Nous sillonnons ainsi les petits canaux de la mangrove durant deux magnifiques heures, pendant que le soleil descend lentement dans le ciel.
Nous arrivons dans le canaux principal (bien plus grand que les autres) à la nuit tombée. Le conducteur accélère à plein régime. L'air frais s'engouffre dans mes cheveux... Ca fait tellement du bien!
La petite voix dans ma tête me dit "savoure Mélo, savoure!"
Le vacancier devant moi, jusqu'ici silencieux, engage la conversation. Il me demande d'où je viens, et depuis quand je voyage. J'apprends qu'il est Guatémaltèque et qu'il a quitté son travail pour parcourir l’Amérique du sud et l’Amérique centrale. Il me raconte son périple, me parle du Mexique, du Brésil... Des destinations qui me font tellement rêver! Nous rions ensemble jusqu'à notre arrivée au village. Il fait nuit noire à présent...
A peine descendue du bateau, un homme m'accoste et me dit qu'il travaille au point d'information touristique, et que si j'ai besoin de quoi que ce soit il peut me renseigner. J'accepte et lui demande où je peux dormir cette nuit (il faisait si noir que chercher toute seule une chambre me paraissait bien dangereux). Il propose de m'accompagner vers un groupe de plusieurs bungalows qu'une costaricienne très âgée loue pour 10$ la nuit (environ 7,50€). Le bungalow est propre et a une salle de bain privé. C'est le pied! J'en profite aussi pour réserver un safari photo avec un guide pour demain matin.
Après une connexion éclair au point wifi du village, je décide d'aller chercher de quoi manger, puis de me rendre sur la plage où pondent les tortues. Ce n'est pas réellement la saison mais qui sait avec un peu de chance, je peux toujours réussir à en apercevoir une! Je me dirige donc vers la mer, traverse un long terrain de football tout plein de hautes herbes, quand soudain j'aperçois dans la pénombre la silhouette d'un homme qui me suit. Prise de panique je me dirige rapidement vers les restaurants, seule source de lumière, situés un peu plus loin. L'homme se rapproche et me demande si je cherche à manger. Je lui répond que oui, et il m'indique alors un restaurant juste à côté qui est apparemment très bon. Je le remercie pour son aide, et un peu apeurée, je rentre rapidement dans le restaurant.
Là bas je commande un délicieux plat très copieux. Mmm que ça fait du bien de manger enfin des frites et un bon morceau de rumsteck! Je commençais à saturer des fruits et du poulet^^.
Au bout d'une heure je sors du restaurant. Je scrute attentivement l'horizon afin de m'assurer que l'homme est bel et bien parti. Ouf je suis seule! Je continue donc ma marche à travers le terrain de foot afin de rejoindre l'océan. J'avance à tâtons dans la pénombre en évitant tant bien que mal les noix de cocos gisant sur le sol. Enfin sur le sable, je fixe la plage avec attention à la recherche d'une éventuelle tortue venue y déposer ses œufs. La mer est très agitée, et les vagues énormes viennent s’abattre sur le sable, dans un vacarme assourdissant. Soudain j'entends un bruissement derrière moi. Je me retourne en un éclair et aperçois la silhouette de l'homme venant vers moi.
Un vent de panique me traverse le corps. Je crie: "What do you whant?"
... Silence oppressant
"Are you scared?" me répond-t-il.
Haha très drole... "I'm alone in the dark, yes of course I'm scared!"
"So come to the light and you will see that I'm not dangerous".
N'écoutant plus ce qu'il me raconte je tente de rebrousser chemin au plus vite. Je rase les murs des restaurants, heureusement encore allumés. L'homme me rejoins. La lumière éclaire enfin son visage. Effectivement il n'est pas très effrayant: il a plus ou moins mon age, il est tout mince, et bien plus petit que moi. Mais cela ne m’empêche pas de me méfier et d'essayer de rentrer au bungalow au plus vite.
En chemin l'homme tente d'engager une discussion. Je répond machinalement à ses questions. Il me raconte qu'il fait des études de biologie et qu'il connait la nature sur le bout des doigts. Il se propose alors de me faire un tour de barque privé demain matin. Ça sent l'arnaque à plein nez. Je refuse gentiment. De toute manière j'ai déjà réservé un tour de pirogue pour demain.
Au bout d'un moment je me rends compte que je me suis égarée: troublée par cet étrange individu, j'ai marché un peu au hasard, évitant les endroits trop sombres, et me voilà perdue. Ne souhaitant pas qu'il s'en aperçoive je le salue de la main en lui disant que mon bungalow se trouve en face. Je fais mine de me diriger vers l'entrée du bungalow et profite que l'homme ait tourné les talons pour m’échapper. De nuit, toutes les ruelles se ressemblent: on ne distingue plus les couleurs des façades, et la végétation exotique masque les maisonnettes. Je me mets à tourner en rond et retombe bien souvent aux même endroits. Ma plus grosse peur est de croiser l'homme une nouvelle fois! Ce serait l'horreur!
Je mettrais 30 minutes à retrouver mon bungalow, caché au milieu d'une épaisse végétation (palmiers, bananiers et fleurs exotiques). Je rentre dans ma chambre encore tremblante de peur. Pourquoi ce gars me suivait-il? Est-ce juste pour me vendre son tour de pirogue à trois sous? Cette attitude est quand même bien étrange...
Comme si les émotions de la journée ne suffisaient pas, en ouvrant la porte de la salle de bain, je tombe nez à nez avec un énorme cafard gros comme mon pouce, et aux antennes aussi longues! Heurk!! Etant une ancienne phobique des insectes, j'avoue avoir eu du mal à garder mon calme. Je tremblais de tout mes membres et gesticulait dans la chambre en parlant à haute voix. J'avoue que mon homme m'a énormément manqué à ce moment là! Hahaha!
Après quelques minutes de réflexion et après avoir tenté d’échafauder plusieurs plans rocambolesques pour me débarrasser de l’intrus, j'ai fini par décider de ne pas tenter de le faire sortir du bungalow: ce serait prendre le risque qu'il tente de se cacher dans la chambre (et il est hors de question qu'il puisse à loisir monter sur le lit pendant mon sommeil! Heurk heurk heurk).
J'entre à nouveau dans la salle de bain, et, la solitude commençant surement à me peser je me mets à discuter avec l'affreuse bête: "Ecoute, j'accepte la colocation à la seule condition que tu dormes dans la salle de bain. Tu vois, chacun reste chez soi, c'est plutôt sympa comme concept non? " Le cafard restant immobile à quelques centimètres des WC je continue: "Secondo, j'ai envie d'aller aux toilettes tu vois, donc reste à ta place, ne bouge surtout pas, et tout ira bien! Sinon je te garantie pas la vie sauve!". (Je crois que c'est la première fois que je parle à un insecte! Ahem!)
Ayant fini ma petite affaire, je file en vitesse dans la chambre en prenant bien soin de fermer la porte de la salle de bain à fond. Tant pis, ce soir je ne prendrais pas de douche.
Je me couche donc ainsi, exténuée et pas très rassurée... J'espère que demain sera un jour meilleur!
Tags : Costa Rica, Voyage, Photographies, Tortuguero
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Commentaires
2FlorianeJeudi 10 Avril 2014 à 00:39Que d'émotions durant cette journée ! J'ai eu vraiment peur en lisant le passage avec l'homme, j'aurais pas du tout été rassurée tout comme toi, j'aurais paniqué. Je pense que tu as bien su "gérer" la situation :s Heureusement, tu n'as rien !
Vivement la suite !
Bises
J'avoue que ma première soirée à Tortuguero n'était vraiment pas agréable :/ D'ailleurs les jours suivants ne vont pas être super non plus..
Ah! Il faut bien un peu de négatif sinon on se lasserait! ;)Merci pour vos coms les filles!
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Eh bien, que d'aventure! Tu vois moi qui suis une flippée de la vie, angoissée de tout, je ne pourrais jamais partir en voyage seule, encore une fois je te tire mon chapeau!!!
des bisous