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Kenya #6 - On the road to Kilimandjaro!
Il y a deux jours, j'ai demandé à Francis (le Maasaï qui m'héberge depuis une semaine) des conseils concernant un road trip jusqu'au Kilimandjaro. Mon projet initial était de louer un 4x4 et de rouler jusqu'à la réserve d'Amboseli (qui se trouve au pied du Kilimandjaro, à la frontière avec la Tanzanie, à environ 6-7 heures de route d'ici), afin d'y effectuer un safari photo. Ma première appréhension était de ne pas trouver mon chemin facilement: les routes sont mal indiquées, en très mauvais état, et aucun GPS n'existe pour le Kenya). Etant moi-même une quiche de l'orientation dans mon propre pays, je me doutais bien que la tâche ne serait pas facile.
Francis m'a tout de suite conseillé d'engager un chauffeur, un de ses neveu en qui il a confiance, à la fois pour une question pratique mais aussi de sécurité (une jeune femme blanche voyageant seule est une cible facile pour les gens malhonnêtes ou violents).
Avoir un chauffeur est une opération courante pour les touristes venant au Kenya, mais l'idée ne me plaisait pas beaucoup: j'aime prendre le volant quand j'en ai envie, m'arrêter quand je le désire, conduire les cheveux au vent, ...me sentir libre. Et l'idée de passer plusieurs jours en tête à tête avec quelqu'un que je ne connais pas n'était pas très rassurante.Pourtant Francis insiste: il a peur pour ma sécurité, il a peur que je me perde ou que je reste bloquée sur une route en trop mauvais état. Il me demande alors de bien réfléchir avant de prendre une décision.
Après 24 heures de réflexion, j'accepte finalement d'engager un driver. Francis me propose plusieurs prix exorbitants! Je lui fait comprendre que je ne suis pas riche et que je ne pourrais jamais dépenser autant d'argent en si peu de temps.Finalement, après quelques minutes de négociation avec son neveu au téléphone, il me propose un dernier prix:
La voiture + le chauffeur me coûterait 100€ par jour, tout frais compris (voiture, assurance, essence, repas et motel du chauffeur inclus), soit 400€ en tout pour les trois jours de voyage (une journée de trajet jusqu'à Amboseli, une journée complète de safari, un journée de trajet retour + 100€ l'entrée du parc (oui oui c'est deux fois plus cher que Disneyland!)). C'est un sacré budget! Je culpabilise presque de dépenser tout cet argent simplement pour mon propre plaisir... mais un safari est une chose à faire au moins une fois dans sa vie, et ce serait l'opportunité de réaliser mon rêve tout en limitant les risques.Le 31 décembre au matin, Francis m'accompagne à Ngnong, la ville où nous avions fixé notre point de rendez-vous avec mon chauffeur.
Le chauffeur est en retard. Nous prenons alors un café, accompagné d'une une pâtisserie typiquement africaine (dont je ne me souviens plus le nom) et dont la pâte ressemble à celle des bugnes Lyonnaises. Un vrai délice!
J'en profite pour poser à Francis une question qui me trotte dans la tête depuis un petit moment:
"Francis, dites-moi... Je sais que vous avez voyagé à travers le monde, aux Etats-Unis et en Europe, que vous gagnez bien votre vie, vos enfants sont cultivés et font des études. Je sais que vous êtes ouverts sur le monde et que vous auriez les moyen d'habiter dans une grande ville. Pourquoi vivre dans votre vallée, sans aucun confort, sans l'eau courante ni l'électricité?"Sa réponse fut une belle leçon de vie. "Je n'aime pas trop la ville. Les gens perdent conscience des vraies valeurs quand ils vivent en ville. J'aime mes valeurs, j'aime mes traditions, et même si je connais la vie dans les grandes villes, je préfère rester dans ma vallée. La vie y est plus saine. Susan (sa femme) aimerait habiter ici à Ngong, mais je ne trouve pas que ça soit un environnement idéal pour les enfants."
Avant que mon chauffeur arrive, j'en profite pour faire réparer l'écran de mon téléphone que j'avais cassé à mon embarquement, en le faisant tomber sur le carrelage de l'aéroport.
Un nouvel écran coûte 20€. C'est tellement peu cher que je n'essaye même pas de négocier. Ce fut d'ailleurs un de mes meilleurs achats de l'année: à l'heure ou j'écris ces lignes, cela fait 6 mois que je suis rentrée en France. Mon téléphone est tombé une bonne vingtaine de fois sur le sol, l'écran est fissuré sur toute sa surface, et pourtant le tactile fonctionne toujours aussi bien. D'habitude à la moindre fissure, il est bon pour la poubelle. Je suis ravie!Au bout de longues minutes, l'homme arrive. Le véhicule est un très gros land Cruiser. Je suis impressionnée!
Francis me salue et me glisse discrètement à l'oreille: "N'oublies pas, ton chauffeur te guide où tu veux. Tu l'as engagé pour 3 jours. Tu as le droit de décider exactement où tu veux aller et quand tu souhaites t'arrêter. Il est à tes ordres durant trois jours!".
Je le remercie chaleureusement."See you in 3 days Francis!"
Avant de partir, nous nous rendons (le chauffeur et moi) à la station essence pour faire le plein. Je lui donne les 40 000 Shillings Kenyans (300€) comme convenu. Il les mets dans sa poche... Me dit au revoir, puis s'en va...Oui oui, il se barre pour de bon!
Après plusieurs minutes angoissantes, un autre homme monte dans le 4x4. "Hi! I'm John. I am your Driver for 3 days!
Ok, le voyage commence mal: je ne comprends déjà plus rien!
Je demande des explications: "l'homme que tu as payé est le propriétaire du véhicule, et moi je suis ton chauffeur!"
En réalité je comprendrais bieeeen plus tard que je me trouvais au coeur d'une véritable arnaque: En fait nous sommes le 31 décembre. Le neuveu de Francis ayant besoin d'argent, a accepté de me conduire à Amboseli avec son véhicule pour 300€. Mais, souhaitant profiter du réveillon avec sa famille, il a préféré sous traiter cette prestation par un autre homme (ce fameux John) qui n'est absolument pas un chauffeur expérimenté (A vrai dire je ne suis pas sure qu'il avait déjà conduit une fois dans sa vie!). Bref je vous laisse juste imaginer l'étendue des problèmes que nous étions de sur le point de vivre durant trois jours!
Ca y est nous sommes partis!
John monte le son de la radio. La musique Africaine remplit notre véhicule de vibes festives.Accoudée contre la vitre ouverte, je regarde le paysage. C'est la première fois que je visualise réellement l'Afrique: que ce soit la végétation, les habitations, les enfants qui jouent sur le bord des routes, les paysans travaillant la terre, les femmes lavant le linge à la rivière, ou les bergers guidant leur troupeau. Même hors des villes, la vie grouille, et je n'en avait pas eu autant conscience chez Francis.
Régulièrement, des hommes et des femmes arrêtent les voitures afin de leur vendre toutes sortes de denrées: fruits, légumes, boissons, brochettes de viande...
A midi, nous nous arrêtons dans un petit restaurant local.
Je choisis un plat typique: de la viande de bœuf en sauce aisni que du "Ougalé", une espèce de purée très sèche et très compacte de farine de maïs. C'est pas très savoureux mais au moins ça tient au ventre.Au moment de payer, je propose à John de se partager la note. Il me regarde bizarrement et me dis qu'il a pas d'argent. Je reste sans voix.
Pour éviter un scandale dans le restaurant, je tends les billets à la serveuse et sort rapidement à l'extérieur. Une discussion s'impose!"Comment ça tu n'as pas d'argent? Je viens de te donner 40 000 Shillings Kenyans!!"
"Mais non, tu as bien vu, ce n'est pas à moi que tu les a donné!"
"Comment ça? Je les ai donné à l'homme que je croyais être mon chauffeur! Comment ça se fait que lui ne t'ai rien donné?"
"Il me donnera de l'argent à la fin des trois jours, quand on reviendra à Ngnong, mais pour l'instant je n'ai rien."
... "Francis m'avait dit que tes repas et ton logement était compris dans le prix... je n'avais pas prévu de devoir tout te payer... Est-ce que je vais devoir payer aussi ton entrée dans le Parc d'Amboseli?"
"Je n'ai pas d'argent. Si tu veux qu'on y entre il va falloir que tu payes pour moi."
A l'intérieur de moi, je rageais!
Bon sang, je suis sur le point de débourser environ 500€ pour une journée de safari, et on me rajoute encore des frais! Pour qui ils me prennent? Pour un de ces touristes américains ayant les moyens de donner l'équivalent de plusieurs mois de salaire pour une semaine de safari tout confort? Non je ne suis pas comme ça, je suis une jeune maman, et je préfère largement utiliser mon argent pour faire vivre ma famille convenablement en France plutôt que de dépenser des sommes astronomiques pour mon plus simple plaisir... Et par dessus tout je n'aime pas les gens malhonnêtes... Le neveu de Francis avait dit tout frais compris: essence, repas, motel, etc... Il nous a menti!Je suis dans une colère noire, mais j'essaye tant bien que mal de me détendre en observant le paysage par la fenêtre.
Une colère qui sera de courte durée: très rapidement j'aperçois mes premiers animaux sauvages: dromadaires, girafes, zèbres, buffles sauvages... de quoi me rendre mon sourire et ma bonne humeur!Je ne peux m'empêcher de penser aux mêmes animaux enfermés dans des cages de cirque ou de zoo... Les voir gambader ainsi à l'air libre est un des plus beau spectacle qui m'ait été donné d'admirer. Je savoure l'instant avec émotion...
Voici John, mon driver pour ces 3 jours de voyage
Finalement John me propose une solution: Il connait un ami qui vit dans un village Maasaï tout près du parc d'Amboseli qui pourrait l'héberger. En réalité les Maasaïs sont une grande famille et quand un Maassaï d'un village voisin vient dans la région, les habitants l'accueillent à bras ouvert.
Son ami s'appelle Jackson (c'est marrant cette tendance africaine à donner aux enfants un prénom américain: (John, Jackson, Ken , Francis, Susan, Samson... Mis à part les enfants de Francis, tout les Kényans que j'ai rencontré portent des prénoms qu'on croirait tout droit sortis d'un téléfilm américain.) et accepte tout de suite de l'héberger.
Il nous donne rendez vous dans une ville proche de chez lui. J'en profite pour acheter une véritable couverture Maasaï rouge (que j'utilise désormais comme un plaid devant la télé :) ). Puis, trouvant le temps long, je me rends dans un cyber café pour tenter de skyper mon fils.
Des enfants du village m'accompagnent, tout heureux de pouvoir observer une étrangère. Et au moment où mon fils apparaît à l'écran une connexion se passe tout de suite entre eux: Ils se sont mis à échanger des sourires et des gestes à travers la caméra. Voir mon fils, le sourire jusqu'aux oreilles, faire coucou à une multitude de petits bouts d'une culture si différente de la sienne a été un instant terriblement émouvant.
Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il garde à jamais cette ouverture d'esprit et ce respect des hommes, peu importe leur ethnie ou leur origine...Bref, une demi heure plus tard, John vient me chercher au cyber café, accompagné de ce fameux Jackson. Il est grand, un peu maigre avec de petites lunettes rondes qui lui donne l'air d'un savant.
Jackson me propose tout de suite de m'héberger moi aussi. Je décline gentiment son offre en lui disant que j'ai l'habitude des motels et que ça ne me dérange pas du tout de passer une soirée seule. Pourtant il insiste en me disant que je devrais visiter un second village Maasaï car celui-ci est bien différent de la vallée où vit Francis; qu'il me ferait la visite, et surtout que ça lui ferait vraiment plaisir d'accueillir une étrangère: beaucoup de gens du village n'ont jamais vu quelqu'un avec la peau blanche et que ce mélange de cultures serait autant enrichissant pour moi que pour eux.
Comment pourrai-je refuser cette proposition? (je découvrirais par la suite que ce n'était qu'une partie du plan finement ficelé entre les deux hommes pour se jouer de moi et de mon argent).Jackson me propose alors de faire quelques achats afin de préparer ensemble le repas de ce soir. Nous nous rendons donc sur les étals du marché extérieur afin de choisir quelques légumes et de la viande.
Les enfants me suivent partout avec le sourire. Ils se cachent, je leur fait des gimaces, puis ils s'enfuient dans une autre cachette en riant joyeusement. Un moment très agréable qui va pourtant être un peu gâché par une attitude étrange de Jackson: Pendant que je m'amuse avec les enfants, je l'observe choisir une grande quantité de légumes et de riz, et au moment de payer il me fait signe de venir et me fait clairement comprendre que ce repas est ma contribution au fait qu'il m'héberge gratuitement. J'accepte avec bon coeur. Mais ceci ne s'arrête pas là. Il me traîne d'étals en étals, et se rends même à la supérette (un magasin aussi grand qu'un placard, si vous voyez le genre), achète des bonbons, du thé, du café, du sucre, des cigarettes... et à chaque fois il me regarde avec instance afin que je tende mon billet. Un peu troublée je m'exécute sans savoir comment faire pour mettre une limite.Au bout d'un moment je le vois demander un savon au vendeur. Me voyant perturbée il me lance "c'est pour ton chauffeur! Il n'a pas de savon, tu n'as pas pensé à lui acheter un savon? et du dentifrice?" ... Cette phrase me choque, j'en perds mes mots. Comment un homme partant pendant trois jours loin de chez lui a t-il pu oublier de prendre son nécessaire de toilette? Ce n'est pas à moi de payer pour ses produits d'hygiène! Pourquoi ne pas lui acheter aussi des vêtements de rechange tant qu'on y est?
Je réponds finalement "Il savait qu'on partait pendant trois jours, pourquoi n'a-t-il rien emporté avec lui? Et je n’achèterais pas de savon car j'en ai déjà dans mes affaires".
Jackson insiste de manière désagréable: "Tu as des savons NEUFS dans tes affaires?"
"OUI j'ai de petits savons encore emballés que je récupère dans les hôtels. Je lui en donnerais plusieurs. Maintenant j'aimerais qu'on arrête les dépenses, nous avons suffisamment de nourriture pour le repas de ce soir et pour la semaine qui suit."
Je réalise que je viens de dépenser l'équivalent d'une nuit d'hôtel en quelques minutes.
Jackson à l'air un peu vexé, mais peu importe, ça suffit! J'aimerais qu'il arrête de me voir comme un portefeuille ambulant! Non mais oh!
Le sourire des enfants au comptoir de la supérette
Au bout de longues minutes de route, nous arrivons enfin à Namelock, le village Maasaï où vit Jackson, sa femme, leur enfant de 6 mois ainsi que sa la jeune soeur de sa femme.
En traversant ce trèèès grand village (qu'il appelle "communauté"), Jackson m'explique: "Tu vois il ya des champs. Ici nous cultivons la terre afin de nourrir notre communauté et qu'elle se subvienne à elle même.
Une fois arrivés devant la maison, Jackson me demande de réaliser une photo du véhicule avec les enfants du village. Poser avec ce genre de véhicule ici, rends les Kenyans rends aussi fiers que lorsque l'on pose près d'une limousine en France. Bref, la voiture c'était un peu la seconde attraction du village durant deux jours (et j'étais la première).
Chez Jackson il n'y a pas l'eau courante, ni l'électricité. J'ai l'impression d'être Laura Ingalls lorsque sa femme me tends une lampe à pétrole afin que je rejoigne ma chambre.
Je prends une douche rapide (toujours à l'aide d'une petite bassine d'eau froide. Brrr) puis je rejoins les femmes à la cuisine pour les aider à préparer le dîner. (pendant que les hommes... se reposent!)
En discutant je comprends qu'il n'ont pas assez de lits pour tout le monde et que la femme de Jackson et sa soeur vont se partager le tout petit lit de la cuisine. Ayant un lit deux places dans la chambre, je propose alors à l'une des deux de dormir avec moi. La petite soeur accepte avec un sourire jusqu'aux oreilles. Elle est touchante, à la fois timide et douce avec un regard adorable. "God bless you!" me dit-elle
Nous cuisinons au charbon de bois, à même le sol et coupons les ingrédients dans nos mains; de la même manière qu'au village de Francis. Je leur demande alors pourquoi ici personne n'utilise de table. ce serait tellement plus pratique et cela fait bien moins mal au dos! Elle me répond quelle avait un réchaud à gaz sous une petite table de cuisine située dans un coin sombre de la pièce, mais qu'il n'y a plus de gaz et que la recharger coûte bien trop cher: 2500 Shillings Kenyan. Avec auto dérision elle lance: "So now, it's option B". Je ris avec elle tout en convertissant dans ma tête. 2500 Shillings Kenyan, reviennent à environ 20€. Ce n'est pas si cher que ça pour nous européens! Du coup je me mets en tête de lui offrir ce cadeau avant de partir.
Nous discutons ensuite de la différence de procédés culinaires entre nos deux pays. En Afrique par exemple, le riz n'est pas du tout cuit de la même manière: Ils coupent une demi échalote très finement et la font revenir dans une casserole avec un peu d'huile (de palme!). Ensuite ils ajoutent le riz (préalablement trié car il y reste des morceaux de feuilles, de branches, et des grains de riz noirs ou abîmés: une procédure très longue, minutieuse et fastidieuse) durant quelques minutes, puis le recouvre d'eau. La casserole est couverte, et une fois que l'eau a été toute absorbée par le riz, celui ci est cuit! C'est génial: il n'y a pas de temps de cuisson imposé!
Quelques minutes plus tard Jackson entre dans la cuisine. S'assoit sur le lit à côté de moi et me tend son petit téléphone. Il me montre ainsi les photos d'une fête que célèbre tous les Maasaïs une fois par an.
"C'est une fête traditionnelle Maasaï" m'explique-t-il. "Il y a toutes sortes de concours pour les hommes ou les femmes, et le vainqueur de chaque concours gagne quelque chose: une chèvre, une vache, du riz, de la nourriture... Par exemple il y a un concours pour les hommes: ils doivent décorer leur bâton de marche avec des perles. Celui qui a réalisé le plus beau bâton, est le vainqueur. Il y en a un autre: les hommes doivent charger des denrées sur des mules convenablement, dans l'ordre imposé par les traditions afin que la mule ne souffre pas. Celui qui a mieux respecté les règles de chargement, gagne la manche! Un autre concours, pour les femmes cette fois ci, consiste à pouvoir nommer chaque différent élément de la tenue d'un Maasaï et dire aussi ce que cet élément représente pour notre culture... Ces concours permettent de transmettre nos traditions aux plus jeunes et qu'elles ne se perdent pas".Je trouve cette idée admirable. Et je repense à Jezequiel et à sa franchise concernant la perte de ses traditions aux fruits de l'occidentalisation du monde. (j'en parle dans cet article)
Au bout de quelques minutes Jackson se lève en toussant. "Ah j'ai mal aux yeux avec toute cette fumée. Les femmes sont bien courageuses de cuisiner tout les jours dans ces conditions!"... puis il s'en va dans le salon.
Il ne faut pas être trop féministe quand on part au Kenya...Il est bientôt minuit. Jackson me propose de venir à l'Eglise avec eux fêter le nouvel an. J'accepte, à demi enthousiaste: passer le réveillon dans une église n'est pas forcément ce qui m'emballe.
Et pourtant je me trompais!! La messe au Kenya est COMPLETEMENT différente de l'intéressant, mais non moins soporifique discours de nos prêtres Français! Ici tout le monde chante, danse, claque des doigts, et quand le prêtre (un p'tit jeune plutôt beau gosse d'ailleurs) parle, tout le monde répond en coeur. Le prêtre tends son micro, la messe est conviviale, tout le monde échange, raconte une anecdote,... On rie ensemble. C'est très festif! Et loin d'être moralisateur, le discours du prêtre se veut enthousiaste, passionné et positif! On dirait presque un show à l'américaine! Je comprends mieux pourquoi les Africains prennent plaisir à se rendre à l'Eglise (et de la même manière pourquoi nous Français nous n'y allons plus...)
La messe se fait en deux langues différentes: la Swahili (la langue nationale Africaine) et en Maasaï (le dialecte local), car les plus vieux habitants du village n'ont jamais appris à parler Swahili.
Au bout d'un moment le jeune prêtre me remarque au fond de la salle et me fait signe de venir sur l'estrade.
Intimidée je m'enfonce dans ma chaise en espérant qu'il n'insistera pas plus. C'était sans compter sur son appel au micro: "Come on white girl! We are blessed to welcome a stranger in our community!"Toute tremblante je me lève et m'approche de lui. Je sens une centaine de regards qui se posent sur moi. Il n'y a pas plus intimidant!
Le prêtre me tends le micro et me dit: "Dis nous quelque chose, je traduirais!"
Tout ces yeux blancs qui me fixent dans la pénombre sont plus qu'impressionnants. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir et je me mets à bafouiller quelques mots spontanés: "Hi! My name is Melody. I come frome France. I'm glad to meet your community."
Je regarde ma montre. Il est minuit moins cinq. "I know that it's a little bit early but I wish you a very happy new year 2015!"
Tout le monde m'applaudis. C'est de loin le plus mauvais discours de toute ma vie, mais pourtant celui qui restera gravé à jamais dans mon coeur.
Je n'aurais jamais pu imaginer que je passerais les premiers instants de l'année 2015 au Kenya, dans une Eglise, sur scène, au micro, devant une bonne centaine de Maasaïs à mon écoute. Que je chanterais des chants Africains avec eux, que je leur serrerais la main et leur souhaiterais tout mes voeux de bonheur, comme si c'était ma propre famille.Bref l'année 2014 se finit plutôt bien, et l'année 2015 commencera par un rêve de gosse: Un safari dans la savane Africaine! Demain, cap sur Amboseli!! Mon appareil photo va chauffer! (Et malheureusement il n'y aura pas que lui!)
La suite au prochain épisode ;)
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Commentaires
Depuis le 23 aout, je visite ton blog régulièrement, dévorée de curisosité et ayant hâte de lire la suite !
Ton blog est véritablement une petite merveille d'évasion, de sensibilité et de découverte (sans parler des photos qui sont juste Waouh !)
Je ne commente jamais aucun blog mais le tien vaut vraiement le détour donc encore bravo (et pitité ne l'abandonne pas :))
Marie.
Bonjour Marie. Je ne sais pas si tu recevras ce message, mais je viens de tomber sur ton commentaire après avoir réactivé mon blog.
Eh oui, contre toute attente je reprends l'écriture de mes voyages. Cela me manque trop et je ne peux pas enterrer mes souvenirs sans les faire partager autour de moi. Ce serait trop dommage.
Bref, du coup, trois ans après, je m'y remet haha. Et la bonne nouvelle c'est que depuis le temps, il y a eu beaucoup de nouvelles destinations! ;)
Bises