Ce matin, après un petit déjeuner à base de thé noir, de bananes et de tartines de miel, nous grimpons tous (Jezequel et Amos (les enfants de Francis), un autre homme, et un couple de volontaires anglophones: Cindy et Matthew (qui s''en iront le lendemain), à l'arrière d'un véhicule en direction d'un centre de secours pour les femmes dans le besoin.

Comme je vous l'ai dit, Francis aide à financer certain projets de la région. Il a été l’initiateur de la construction de ce centre de secours pour femmes. A ce que j'ai compris, (mon anglais était un peu frais les premiers jours. Je ne suis pas sure d'avoir tout retenu) les femmes qui se retrouvent seules, à la rue, la plupart du temps avec leur enfants sur les bras, peuvent loger au centre, se nourrir et ainsi subvenir aux besoins de leur petits.

Sur place il n'y a personne. Francis nous explique que nous sommes en période de vacances scolaires et qu'il n'y a pas grand chose à voir ou à faire en terme de bénévolat. Je suis un peu déçue mais nous n'avons pas le temps de nous attarder ici, nous sommes attendus dans une maison voisine. Les hommes détachent la "pipe" (tuyau d'eau) accrochée à l'arrière du véhicule, et la posent sur le sol du centre de secours. Je comprends qu'il y aura bientôt l'eau "courante" ici.

(quand je parle d'eau "courante", ce n'est pas vraiment l'eau courante comme on peut se l'imaginer, s'écoulant à l'extrémité d'un robinet ou d'un pommeau de douche. Non cela veut seulement dire que l'eau arrivera d'une sorte de valve plus ou mois proche de  leur locaux. Ils n'auront plus besoin d'aller la chercher à la rivière la plus proche. Un gain de temps considérable!)

Matthew (qui porte le même nom que mon fils ;) ) et Cindy, seront les seuls blancs que je rencontrerais durant tout mon voyage.

Voici, dans nos mains,  le tuyau d'eau qui sera bientôt installé au centre de secours

Etre à l'arrière du véhicule est particulièrement agréable. L'absence de ceinture de sécurité, et l'air frais ébouriffant mes cheveux, me donnent un véritable sentiment de liberté. Je respire à plein poumons: la nature sent tellement bon ici!

A un moment je me surprends à fermer les yeux. Je sens la chaleur du soleil qui dore lentement ma peau trop claire, l'air frais dû à la vitesse du véhicule, caressant mon visage.
Je distingue chaque irrégularité de la route, chaque secousse du véhicule, ... chaque sens est éveillé à son maximum. Je me sens tellement vivante!

Puis j'ouvre les yeux et découvre à nouveau les magnifiques couleurs de la savane: cette route en terre ocre, presque rouge, en harmonie avec la végétation d'un vert éclatant et du ciel d'un parfait bleu azur... J'hume l'air une nouvelle fois et réalise que c'est exactement ça que j'aime en voyage: ce parfum d'aventure, l'éveil de mes sens, la découverte, la cohésion avec la nature... et... me sentir en vie!

Les routes sont juste impraticables!^^

Nous arrivons au petit village. Les hommes s'en vont à une réunion à propos du centre de secours. Pendant ce temps les femmes cuisinent dans l'herbe.

On nous place, Cindy, Matthew et moi même, dans une grande pièce. Ou nous devrons attendre la fin de la préparation du repas. Sur le moment je suis un peu frustrée: j'aurais vraiment aimé participer à la confection des plats au lieu de me tourner les pouces dans cette pièce presque vide. Moi qui était venue pour m'intégrer, c'est mal parti!

Heureusement, les prochain jours (après le départ de Matthew et Cindy, et une fois devenue la seule occidentale de la région), seront totalement différents et il ne sera plus question pour moi de douter de mon intégration au sein de la tribu.

En Afrique, on boit du thé cinq à six fois par jour: Il fait très chaud, et l'eau étant impropre à la consommation, il est nécessaire de la faire bouillir afin de détruire toutes les bactéries. Une fois l'eau brûlante, ils y ajoutent du thé noir et souvent un peu de lait (Le Kenya ayant été colonisé par les anglais, je ne serais pas surprise si cette petite habitude venait d'eux ;) )

Sur la table est posé un traditionnel collier Maasaï. Je ne peux m’empêcher de questionner quelqu'un à propos de sa signification. L'homme me répond qu'il est utilisé essentiellement dans le but d'embellir la personne qui le porte et qu'il n'y a pas de signification particulière. Néanmoins chaque couleur de perle utilisée à un sens: le blanc signifie la paix; le noir, la couleur de leur peau; le vert la nature, le bleu le ciel, le rouge, le courage; et l'orange, la loyauté.

Voici un repas traditionnel africain: du riz, du choux et des petits morceaux de bœuf, accompagnés par une galette de farine de maïs qu'ils appellent "tchapaté" (je doute de l'orthographe).

La maigreur des animaux me fait froid dans le dos

Après le repas, je me propose de faire la vaisselle: sans eau courante, cela se passe à même le sol, dans deux petites bassines d'eau.

Alors attention, adeptes du camping, voici la procédure africaine pour nettoyer idéalement votre vaisselle avec un minimum d'eau:

1- savonner l'un de vos ustensiles dans la première bassine

2- rincez-le dans cette même bassine afin d'éliminer au maximum la mousse

3- puis trempez le dans la seconde bassine afin de supprimer toute trace de savon

4- continuez avec chaque ustensile, un par un, jusqu'à ce que l'eau de la seconde bassine soit trop savonneuse. Dans ce cas il suffit de verser le contenu de cette eau trop savonneuse dans la première bassine (celle avec le savon) et de remplir d'eau "propre" la seconde. 

-Pour les grosses marmites, (à laver en dernier, car elles sont souvent bien plus sales que le reste), il est nécessaire d'utiliser le moins d'eau possible: l'équivalent d'un petit gobelet d'eau savonneuse pris dans la première bassine pour nettoyer l'intérieur (que vous reverserez ensuite dans cette même bassine), puis un second petit gobelet d'eau de la seconde bassine pour le rinçage (que vous reversez ensuite dans cette même bassine).
Bref le mot d'ordre est "ne pas gaspiller une goûte d'eau!

-A la fin de la vaisselle, vous pouvez vous laver les mains dans les bassines suivant la même procédure: bassine n°1 pour le savonnage + un début de rinçage / bassine n°2 pour le rinçage final

Bref, je découvre que oui, il est possible de laver toute une vaisselle avec seulement un petit litre d'eau, et je réalise surtout qu'ici l'eau vaut de l'or et que chaque goutte perdue est un sacrilège.

Le papa de Francis, portant les vêtements et bijoux traditionnels Maasaï

Les Maasaï ont des téléphones! Le seul outil moderne! Il les rechargent à l'allume cigare de leur voiture, et les utilisent seulement quand il partent seuls loin de chez eux..; en cas de problème!

Après manger, Jezequel et Amos, les fils de Francis, nous proposent de partir à la recherche des girafes. J'accepte avec enthousiasme! Cette marche à travers la savane fut vraiment très agréable.

En chemin nous croisons des petites filles d'un village voisin, qui nous accompagneront durant quelques kilomètres.

Après des heures de marche sans apercevoir la moindre girafe, et à bout de souffle, nous arrivons à l'endroit que les garçons souhaitaient nous montrer: nous sommes au bord d'une falaise donnant directement sur toute la vallée alentour. La vue est incroyable!!

Amos cherche des yeux une éventuelle girafe, puis se retourne un peu dépité: "Vous n'avez pas de chance, aujourd'hui il n'y en a pas. Et puis je crois qu'il fait trop chaud à cet heure ci."

Peu importe, la vue est tellement fantastique que j'en ai le souffle coupé. D'en haut, je contemple leur territoire... Le Kenya est un pays sublime!

De retour au village, Francis décide de rentrer à la maison. Nous nous entassons tous cette fois ci à l'intérieur d'un 4x4. Je me serre au maximum sur la banquette arrière: nous sommes 4! Puis le coffre s'ouvre, et cinq hommes se pressent à l'intérieur!

Le véhicule démarre. La chaleur est étouffante et je me sens littéralement écrasée contre les corps de mes voisins de siège.

Amusée je compte: ... 11!! Nous sommes onze adultes à l'intérieur d'un petit 4x4! ... C'est clair, je suis bien en Afrique!^^

Un homme dans le coffre engage la discussion. "Have you ever seen an elephant?"

"Non, seulement les éléphants d'Asie, mais jamais ceux d'Afrique!"

"Aaah! Ça ne saurait tarder alors!" ... "Sais-tu que Francis possède une oreille d'éléphant? Elle est accrochée quelque part dans sa maison. Si tu fais bien attention, tu la verras!"
(je ne l'ai découvert que le dernier jour, et pourtant elle était sous mes yeux toute la journée. Je vous la montrerais lors d'un prochain article).

Puis nous discuterons ainsi, lui, plié en quatre dans le coffre, et moi, écrasée sur la banquette arrière, durant tout le trajet.

... Et la journée est loin d'être terminée!