• Kenya #4 - I did it!

    Climbing the hill

    Il était 9 heures du matin lorsque Jezequel est venu me chercher alors que je faisais la vaisselle dehors sous une chaleur déjà étouffante. 

    "Do you want to climb the hill?"

    Climbing the hill

    Une demi heure plus tard, nous voici sur la route, Jezequel, son frère Amos et Josphrat un de leur ami.

    Jezequel se penche vers moi et me murmure: "Ma mère ne pensait pas que tu accepterais de venir avec nous... Elle ne te pense d'ailleurs pas capable d'y arriver".

    Malgré la température suffocante, un frisson me parcours le corps. "Heuuu mais je ne vous ai pas demandé: de quelle colline vous parlez?" Jezequel pointe alors du doigt la montagne: "celle-ci évidemment!"

    A la vue de ce que je suis entrain d'entreprendre, mon sang se glace. Mais ce n'est pas une colline ça! C'est une montagne! Je suis sur le point de gravir la montagne, la grosse montagne, celle que l'on aperçoit à des milles à la ronde et qui me semble si loin de nous. Comment ai-je pu imaginer que dans la savane se trouvait de petites collines. Les seuls reliefs que l'on aperçoit sont tous disproportionnés! Aïe aïe... Je ne m'étais vraiment pas préparée à faire de la randonnée aujourd'hui, (je ne suis d'ailleurs physiquement pas préparée à faire de la randonnée tout court!) mais tant pis, de toute manière je ne suis pas du style à faire demi tour.

    Je réplique d'un très simple "Ah ok! Nice!" histoire de garder la face, tout en priant le ciel de m'envoyer une bonne dose de courage. 

    Climbing the hill

    Sur le chemin je me confie aux garçons. Je leur explique qu'en France, pour la plupart, on ne parcours pas de longues distances à pied. On possède presque tous une voiture, et même pour aller au petit supermarché du coin, ou pour nous rendre chez nos amis, nous la conduisons... ce qui fait bien rire les garçons. Sur un ton blagueur l'un d'eux me lance: "Oh oui ça on le sait! Vous avez d'ailleurs toute une foule de machines qui fait le boulot à votre place! Franchement, vous faites quoi de vos journées! Hahaha". 

    Sur le moment je me suis sentie un peu mal à l'aise et bien ridicule. Comment expliquer à ces trois ados que pourtant si, on a une foule de choses à faire en France, tellement, qu'on court toujours après le temps. Comment rivaliser avec eux qui ne connaissent pas les 35 heures, qui marchent des kilomètres pour aller chercher un géricane d'eau, qui font tout à la main, que ce soit les tâches ménagères, le travail dans les champs ou la construction d'infrastructures...
    Je n'ai donc rien osé répondre. J'ai seulement ri avec eux. Ils ont tellement raison après tout...

    Puis nous parlons ensemble des différences entre nos pays, et au fur et à mesure de la discussion je finis par leur poser une question qui me turlupine depuis mon arrivée. "Pourquoi, vous qui êtes Maasaï, ne portez pas les habits et les bijoux traditionnels?" Jezequel hésite. Je sens que le sujet est sensible... Puis il finit par me répondre. "Car les traditions se perdent..."

    Jezequel est un jeûne homme de 19 ans très cultivé, étudiant dans une école d'ingénieur en informatique. Il s'habille de pantalons et de T-shirts de style occidental. Je comprends alors qu'il tient à cette ouverture sur le monde occidental autant qu'à sa tribu ancestrale.

    Il me montre alors son poignet: "Tu vois ce bracelet en perle? Ceci est un signe d'identification à ma tribu. Même si je ne porte pas les vêtements traditionnels, je montre grâce à ce bracelet que je suis Maasaï et que cela compte pour moi".
    Josphrat s'approche de nous et enchaîne: "Et moi, regarde, j'ai même décidé de me faire enlever la dent du bas, en signe d'appartenance à ma tribu!... Et ce bâton, tu vois, je ne sors jamais sans! Un Maasaï sans son bâton n'est plus un Maasaï."

    Voici donc la nouvelle génération de Maasaï: La tête à l'occident et le coeur aux traditions.

    Climbing the hill

    Climbing the hill

    Climbing the hill

    Climbing the hill

    Nous arrivons enfin au pied de la colline. La chaleur est étouffante, mais je garde la tête haute; je compte vraiment faire honneur à mon pays et ôter de la tête des Kényans que les blancs sont paresseux.

    Alors je grimpe, je grimpe, je grimpe... les rochers roulent sous mes pieds, et je manque de me tordre la cheville un bon nombre de fois.

    "Tiens", me dit Josphrat, "prends mon bâton. Tu verras ça va beaucoup t'aider." Et comme si le fait de tenir le traditionnel bâton Massaï me transmettait leur énergie, je me suis remis en marche avec une motivation sans faille.

    Climbing the hill

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    A mi-parcours, me voyant fière de mon ascension, et complètement émerveillée par la vue, Jezequel propose de me prendre en photo avec mon appareil.

    Un peu plus loin, nous décidons de tous grimper dans un arbre pour réaliser une photo de groupe. Mon appareil, posé sur un rocher de manière instable, j'enclenche le retardateur et "clic" c'est dans la boite! Nous nous précipitons alors tous pour voir le résultat. Josphrat lance un joyeux: "Wow! this one is the best ever!".

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    Durant l'ascension les garçons me parlent des différentes propriétés des plantes que nous rencontrons. Je me croirais dans un épisode de Man VS wild: "Alors là tu vois cet arbre? Sa sève nous sert à fabriquer de la colle; et ses feuilles, lorsqu'on les fait bouillir dans de l'eau, soigne les maux de ventre." etc.
    Je suis triste d'ailleurs d'avoir oublié les noms de toutes les différentes plantes médicinales qu'ils m'ont présenté.

    J'apprends même à utiliser une véritable brosse à dent naturelle: Jezequel me coupe un bout de branche d'arbre, me dit d'enlever l'écorce et de mâchouiller le bout. Une fois que les fibres à l'intérieur se sont séparées et forment comme un petit balais miniature, la brosse à dent est prête! (à ce que j'ai pu comprendre les fibres sont un antiseptique).
    Je remarquerais d'ailleurs dans les jours à venir que nombreuses sont les personnes qui utilisent ce procédé naturel et qui marchent le long des sentiers, ce petit bâton à la bouche.

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    Arrivée au sommet, c'est l'extase... l'apothéose. Je suis morte de fatigue (mais je ne le montre pas), mais le résultat en valait largement la peine: La vue d'en haut de la colline est à couper le souffle. 

    Je regarde l'horizon et remarque que je n'ai jamais eu une vision si étendue de mon environnement... enfin si, la dernière fois c'était au Grand Canyon en Arizona. 
    Puis je compte dans ma tête et m'exclame "Wow! Il y a six mois jour pour jour, je me tenais face la gigantesque crevasse du Grand Canyon; et là je suis au sommet d'une montagne et je contemple le Kenya tout entier.... Ma vie est un rêve éveillé!"

    "Où as-tu voyagé?" me demande les garçons. Par habitude je regarde mes bracelets pour ne pas en oublier: "En Thaïlande, aux Etats-Unis, au Costa Rica, au Panama, au Guatemala, en Guadeloupe, en Egypte, en Tunisie, en Hollande, en Espagne, en Angleterre, et en Italie".
    "Tu as un bracelet pour chaque destination?" 
    "Eh oui c'est une vieille habitude. C'est pour m'empêcher, une fois de retour dans mon monde, d'oublier toutes les fabuleuses choses que j'ai pu rencontrer, tout ces peuples admirables, ces sourires de parfaits inconnus, ces nouvelles cultures si différentes de la mienne, ces magnifiques paysages que j'ai traversé, tout les différents mets que j'ai pu goûter, et toutes les aventures que j'ai pu vivre. ... Quand on ira au marché, j'achèterais un bracelet et lorsque je le regarderais plus tard, je penserais à cette fabuleuse journée, à cette ascension si difficile, à ce paysage extraordinaire du haut de la colline, et à nos conversations tous ensemble."

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    Avant de partir Jezequel me confie que le chanteur Akon est venu dans la vallée  il y a quelques années afin de faire un don de panneaux solaires à la communauté!

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    La descente fut encore plus difficile que l'ascension. Le soleil Kényan à son zénith me brûlait la peau et l'air était suffocant. Mes jambes fatiguées ne cessaient de faillir sous mes pas. Mais peu importe, j'étais contente d'être allé au delà de ce que je pensait être mes limites physiques.

    Tout en marchant je répétais: "food - water - shower - food - water - shower ..." pour me donner du courage jusqu'à la maison... Ce qui faisait bien rire Jezequel!

    Climbing the hill

    Arrivée au village après une journée de marche, je fonce me rafraîchir. Je me sépare des garçons. Jezequel me lance au loin: "Hey! My mother won't believe me, but you did it!!"

    "Yes! I did it!!"

    [De gauche à droite: Josphrat, Amos, et Jezequel]

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 30 Avril 2015 à 14:09

    ahah ! Superbe article. Bravo pour l'ascension et pour ta franchise.


    Je ne te connaissais pas du tout mais je vais vite me rattraper ;-)

    2
    Beautycareandvlogs
    Vendredi 1er Mai 2015 à 00:48

    Waouh super article ! 
    J'attendais avec impatience de connaître la suite de ton aventure Kényane :)

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    3
    Samedi 2 Mai 2015 à 16:33
    Ton article est vraiment top, j'ai cru tomber au milieu d'un roman au début ! Les garçons ont l'air vraiment adorables en tout cas...tu as de la chance de vivre ce que tu vis !

    Bises
    Estelle
    Http://chroniquesd-unefrenchie.blogspot.fr
    4
    Mercredi 6 Mai 2015 à 18:06

    C'est très agréable de te lire, j'ai eu l'impression d'y être !

    Bravo pour la montagne, sous cette chaleur cela doit vraiment être un défi !

    Bises

    Laura

    www.carnetdefie.fr

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